Olympisme et privatisation de l’espace

Les jeux olympiques sont une fête, une fête mais pas pour tout le monde. À travers cette manifestation, se cristallise une avancée significative dans la production d’espaces répressifs, visant à occulter la présence des « indésirables » et de celles et ceux qui pourraient perturber cette grande célébration capitaliste.

Les personnes internées en institutions psychiatriques voient leur liberté de mouvement radicalement restreinte. Les travailleur·euse·s du sexe, après des mois de harcèlement systématique de la part des forces de l’ordre, ont été contraint·e·s de quitter Paris. Les personnes sans-papiers et sans-abri ont été expulsé·e·s en périphérie de la capitale, voire relocalisé·e·s dans d’autres villes. Les squats, déjà visés par une intensification des expulsions depuis la loi Kasbarian, ont été systématiquement démantelés, précipitant de nombreuses personnes, notamment des familles, à la rue et ce particulièrement en Seine-Saint-Denis. Pour garantir ce processus d’éradication des éléments perturbateurs, un dispositif sécuritaire massif a été déployé, mobilisant 45 000 policiers et gendarmes français ainsi que des milliers de policiers étrangers.

Ce complexe de l’industrie sécuritaire s’est doté de multiples technologies, transformant la métropole en un véritable laboratoire de la « ville intelligente » à vocation policière. L’usage de drones, l’établissement de périmètres de sécurité, le fichage systématique des militant·e·s politiques et la vidéo-surveillance algorithmique, capable de détecter automatiquement des comportements jugés anormaux, illustrent cette mutation. Ces dispositifs renforcent la production d’un espace purgé de ses « indésirables », alignant ainsi la ville sur un idéal capitaliste et hygiéniste.